L'échange des princesses, Chantal THOMAS



Résumé de l'éditeur : L'idée est audacieuse et peut sembler providentielle: un échange de princesses pour solder la fin d'un conflit. En 1722, à la croisée des royaumes et des chemins, l'infante d'Espagne et la fille du régent de France sont encore des enfants. La première doit épouser le très jeune Louis XV, la seconde l'héritier du trône espagnol. Ce chassé-croisé dans la cour des grands signera-t-il la fin de leur insouciance?

Editeur : Editions Points

Nombre de pages : 318.

Ma note : ⭐⭐⭐,5


" Sur l'autre rive une vie nouvelle les attend. Leur passé est un pays étranger. "


Mon avis :

Pour commencer, je dois te faire une confession: la citation est celle qui se trouve sur la quatrième de couverture. Oui, je sais, pour ce livre-ci, j'ai choisi la facilité mais, pour ma défense, c'était celle que je comptais mettre de toute façon. Ce roman, je l'ai eu en participant à un concours organisé par les éditions points sur leur compte instagram et, va savoir pourquoi, moi qui ne gagne jamais rien, voilà que je remporte, en plus du livre, deux places pour aller voir l'adaptation cinématographique au cinéma ! Autant te dire que je ne suis que joie !

Bref. Dès l'instant où j'ai reçu le livre, je l'ai entamé et ai mis une semaine à le terminer (merci le blocus!). Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir été happée par l'histoire!

Basé sur une correspondance réelle, l'histoire a pour personnages principaux deux enfants: l'infante d'Espagne et la fille du Régent de France. Jusque-là, rien de bien méchant. Maintenant, si tu rajoutes à l'équation le fait qu'elles font l'objet de mariages arrangés, je trouve que les choses se corsent légèrement (elles ont respectivment 4 et 13-14 ans au moment des événements).

L'annonce d'une telle union n'étant pas facile à digérer, on aurait pu croire que les belles familles (qui sont quand même a-à l'origine de ces unions) auraient fait leur possible pour faciliter la tâche aux futures reines et bah... oui et non. Alors que l'infante d'Espagne va recevoir les meilleurs traitements, la fille du Régent, elle, sera traitée comme une moins que rien! La différence se marque dès le début de l'histoire avec l'arrivée des princesses dans leurs nouvelles demeurent: alors que l'infante est cajolée durant toute la durée du trajet et acclamée par tous à son arrivée, la future reine d'Espagne, pourtant malade comme un chien, sera traitée comme un vulgaire colis puis, une fois arrivée dans sa nouvelle demeure, fera l'objet de railleries de la part de sa belle-mère qui, en raison de son éducation française, ne verra en elle qu'une fêtarde, une pleurnicharde, une fille sale, une catin et j'en passe! Une chose est sûre: de part et d'autre de la frontière, le ton est donné.

Sans grande surprise, pendant que la situation de l'infante ne va qu'en s'améliorant, celle de l'épouse du futur roi d'Espagne elle, n'ira qu'en empirant. Je m'explique.

L'infante, destinée à épouser le futur Roi de France, bénificiera des meilleurs traitements et sera vue comme la septième merveille du monde. Pourtant, on pourrait dire que les courbettes des courtisans n'ont pas grand intérêt puisque l'enfant ne comprendra jamais complètement ce qui lui arrive. Mais, ayant le désir de plaire aux adultes, on sent qu'elle fait son possible pour répondre à leurs attentes (en même temps, vu son jeune âge, elle est persuadée que les adultes font leur possible pour lui rendre la vie belle et que son mariage est là pour l'aider dans cette voie). Peut-être est-ce sa bonne humeur qui lui vaut de bons traitements? En tout cas, son jeune âge lui permet au moins une chose: celle de ne pas se rendre compte de la folie de la situation dans laquelle elle se trouve. Elle est donc gentille, aimante, souriante et toujours de bonne humeur! Il n'y a pas à dire, la France à tirer le bon numéro. Ce fait est d'autant plus certain qu'en plus de toutes ces qualités, la petite fille est en plus dotée d'une maturité impressionnante! Jugeant son vocabulaire comme étant pas assez fourni, elle n'hésitera pas à se faire comprendre en imprimant chacune de ses émotions à ses poupées. Donc, si elle ne se sent pas l'envie ou le courage de sortir, elle prétendra que sa poupée fétiche n'est pas bien. Ce procédé possède un côté pratique non négligeable puisqu'il permet aux adultes qui s'occupent d'elle (ainsi qu'au lecteur accessoirement), de se rendre compte des états d'esprit de la petite. Personnellement, j'ai trouvé que ça accentuait même l'irréalité de sa situation (car oui, j'ai eu du mal à me faire à l'idée qu'une gamine de 4 ans était déjà mariée!).

Quant à la fille du Régent, elle est difficile à cerner. On sent qu'elle a besoin d'évoluer dans une bulle, de créer un rempart entre elle et le reste du monde pour se protéger car, malgré ses 13/14 ans, elle se rend bien compte qu'elle n'est qu'un instrument politique. Vexée d'avoir aussi peu de valeur, elle n'hésitera pas à le faire payer à sa belle-famille par des procédés variés à conséquences imprévisibles.  Justifié mais peut-être abusé car, si ni son mari, ni ses beaux-parents, ni quiconque n'a vraiment pris la peine de la connaitre, elle n'aura jamais fait le moindre effort ! Mais, je ne peux pas m'empêcher de la justifier sur ce manque de volonté car, la seule fois où elle s'est montrée intéressée par les coutumes de son pays d'adoption, les réjouissances auxquelles elle s'est rendue ont été quelques peu traumatisantes... La seule chose que je n'ai pas comprise et pour laquelle je serais bien incapable de trouver un justificatif logique, c'est que, pour une si jeune personne, elle est vraiment trop portée sur le sexe! Vérité historique ou inventions de l'auteure, je ne saurais le dire mais, dans tous les cas, c'était vraiment trop poussé à l'extrême!

Bien évidemment, les jeunes maris sont diamétralement opposés, que ce soit l'un par rapport à l'autre ou dans la manière de traiter leurs femmes. Alors que le Roi de France fait tout pour limiter les contacts avec l'infante, le future Roi d'Espagne lui, donne tout pour ne serait-ce qu'avoir le droit d'apercevoir sa belle. Ils diffèrent également de caractère car autant le premier est indépendant, autant le deuxième ressemble plus à une marionnette, à un enfant qui ne croit pas en lui et se réfère à ses parents pour toutes les décisions à prendre (même si elles sont d'ordre conjugal).

Pour finir, je ne peux pas faire sans parler de l'auteure. Et, sur ce point, je n'aurai pas grand-chose à dire si ce n'est qu'elle a une plume fluide et facile à lire et que, sans elle, je n'aurai jamais eu connaissance de ce fait historique méconnu! Pourtant, j'ai quand même un léger reproche à lui faire: le fait qu'elle nous mette directement dans le bain est pas mal mais, j'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire car les personnages ne sont pas présentés au fur et à mesure de leur arrivée. Dans un sens, je peux comprendre ce manque de présentation (et de rappel car certains sont évoqués en début de livre puis plus rien jusqu'à la fin) puisque le lecteur vit l'histoire à travers le personnage historique qui donc est censé connaitre son interlocuteur mais, pour le lecteur, ce n'est pas chose aisée car lui ne connait pas forcément tous les intervenants.

Malgré tout, ça reste une très bonne lecture que je conseille à toute personne friande d'histoire ou curieuse de découvrir un "secret" de la royauté française.


Et toi, tu l'as lu?

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