7 livres, 7 jours: Mardi - Au Pays de Tahar Ben Jelloun




Résumé de l'éditeur: À quelques mois de la retraite, Mohamed n'a aucune envie de quitter l'atelier où il a travaillé presque toute sa vie depuis qu'il est parti du bled. Afin de chasser le malaise diffus qui l'envahit, il s'interroge sur lui-même avec simplicité et humilité. Il pense à son amour profond pour l'islam, dont il n'aime pas les dérives fanatiques; il se désole de voir ses enfants si éloignés de leurs racines marocaines; il réalise surtout à quel point la retraite est pour lui le plus grand malheur de son existence. Un matin, il prend la route pour son village natal, décidé à construire une immense maison qui accueillera tous ses enfants. Un retour au "pays" qui sera loin de ressembler à ce qu'il imaginait.

Éditeur: Folio

Nombre de pages: 169


" Imagine ce pays vidé de ses immigrés, il ne pourra plus dire que nous sommes l'origine du mal, de l'insécurité, que nous profitons de la Sécurité sociale et des allocations pour les enfants, il sera bien embêté s'il n'a plus d'Arabes sous la main. "


Jour 2 du challenge. N'ayant toujours rien prévu (et je crois que ce sera comme ça jusqu'à la fin), je suis devant ma bibliothèque, à la recherche d'un livre pas trop gros (rappelle-toi, lire autant est pour moi un challenge) mais pas trop fin non plus. Mes pensées se dirigent inlassablement vers les livres déjà entamés, je me dis que ce serait une bonne idée de les continuer mais non, le but c'est 7 livres en 7 jours, pas terminer les lectures en cours en cours en 7 jours. Je pousse un soupir et replonge le nez dans les étagères. Finalement, c'est ce roman de Tahar Ben Jelloun qui attire mon regard. Je l'en sors, regarde sa tranche, me dit qu'il fera l'affaire et me pose confortablement sur mon fauteuil.

Où est le thé? me demandes-tu. Pendant que je lis, je n'en bois pas car à chaque fois, je dois faire face à la même frustration: celle de boire un thé qui a refroidi. L'horreur. Alors je me contente de mon livre et de mon plaid et ça me va très bien.

Dès les premières pages, je me retrouve happée par l'histoire de Mohamed, bientôt retraité, qui ne comprend pas pourquoi on le force à arrêter de travailler. Pour lui, l'entraite comme il l'appelle, c'est le premier pas vers la mort. La preuve, une de ses connaissances est morte quelques mois après l'avoir prise.

Au fil des pages, on découvre sa vie, qui sans être extraordinaire, lui convient parfaitement. Son seul regret: que ses enfants aient quitté le domicile familial. Qu'à cela ne tienne, il retourne au pays avec pour ambition de faire construire une grande maison pour y accueillir tout ce petit monde, comme l'ont fait ses parents et ses grands-parents avant lui. Mais est-on toujours chez soi dans un lieu où on est devenu, peu à peu, une curiosité? Est-on toujours à la maison après tant d'années loin du foyer?

Malgré tout ses efforts, rien ne se passera comme prévu. En de mots simples et pourtant pas moins frappant, le narrateur explique la différence qu'il existe entre les véritables immigrés, ceux qui ont quitté leur pays natal, et leurs enfants, nés en terre étrangère. Ça ne semble rien mais ça fait toute la différence. Pour Mohamed, "Lafrance" lui a pris ses enfants. Il ne lui en veut pas malgré tout. Mais il aimerait bien que les choses soient comme avant.

En peu de pages et en toute simplicité, l'auteur nous embarque dans son monde, celui d'un Maroc aux coutumes anciennes, d'une nouvelle génération en décalage avec les anciennes, d'un pays où on ne se sent pas tout à fait chez soi, où on ressent parfois le racisme mais sans pour autant oublier la chance de vivre dans ce même pays. Ce livre, c'est l'histoire d'un choc des cultures (parfois même au sein de la même culture), de regrets plus ou moins enfuis, de tristesse face à certaines dérives et d'amour. Pour sa famille. Pour son pays. Pour sa terre d'accueil. Pour sa religion. C'est l'histoire d'un homme bon, sans aucune méchanceté dans le coeur, qui avait un rêve.

Pour finir, tu l'auras compris, ça aura été un véritable coup de coeur. Ça a été inattendu et beau. Demain, c'est décidé, je sors le deuxième livre que j'ai de lui. En plus, c'est un petit donc ça tombe bien. Ce jour 2 de mon challenge aura été une réussite et pour le moment, je me sens bien, je retombe dans la lecture plaisir, celle qui ne nécessite pas mille et une analyses, celle qu'on ressent et à laquelle on pense encore des mois après.

Bref, ce livre, je le conseille à tous. Pour ceux qui n'ont rien en commun avec Mohamed et sa famille, ça sera peut-être l'occasion de mieux comprendre l'autre de manière douce. Pour ceux qui se retrouve en eux, ce sera un récit qui frappe en plein coeur dans une vie dans laquelle on reconnait des bouts de soi, des bouts des autres. Quoiqu'il en soit, on n'en revient pas indemne.


Sur ce, bonnes lectures et à demain pour la suite de ce challenge.

L'écureuil.

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